Typologie des masques
Il existe trois types de masques: les masques entiers qui couvrent l’intégralité du visage, du front au menton inclus; les demi masques qui couvrent les yeux et le nez jusqu’au-dessus de la bouche; les tiers de masques qui couvrent nez et bouche jusqu’au menton mais dégagent les yeux. Il faut ajouter la catégorie des loups à la forme particulière et qui ont pour objet de couvrir essentiellement les yeux.
Un peu d’histoire…
Les masques de comédie étaient employés dans l’Antiquité et recouvraient les acteurs grecs dont ils étaient inséparables. Masques de la tragédie et de la comédie grecs, ils vont se perpétrer chez les Romains jusqu’à l’interdiction du théâtre par l’Eglise.
La commedia dell’arte retrouvera la tradition des masques à partir du milieu du 16ème siècle, puis l’art du masque disparaîtra peu à peu avec l’évolution du théâtre moderne.
Mais le masque est surtout un langage: les masques larvaires, blancs et pouvant être portés dans les deux sens, de création contemporaine, inventés par Jacques Lecoq; masque neutre d’Etienne Ducroc. Plus ancien, le masque de femme (Moreta), sans bouche pour empêcher la parole; masques avec amplificateur devant la bouche pour mieux porter la voix dans les théâtres antiques; masques de couleurs foncées pour les hommes, claires pour les femmes; le loup, simplification de la figure du démon (Baouta). Mais aussi, la corne atrophiée d’Arlequin, vestige de la corne du démon, ou encore le nez du clown, personnage d’origine italienne avant d’être anglicisé, qui est une déformation dérisoire du diable.
Enfin, signalons le masque LARVA, base simplifiée et originaire du masque; le masque PERSONNA pour le théâtre, celui qui fait le « personnage » joué; le masque IMAGO, masque mortuaire.
Les personnages de la comédie portaient des masques qui définissaient leurs caractères: masque « digestif » (A, mettant la bouche en valeur); masque « respiratoire mettant en exergue le nez et les yeux; masque »cérabral » (type Y) ou masque « musculaire (type H). Tous ces masques dégagent par leurs contours et leur sculpture les dominantes des personnages et permettent de typer facilement les jeux des acteurs.
Les matériaux et les traditions
Les masques pouvaient être en plâtre, en papier sur trois couches (masques de Venise, Viaregio et Nice notamment), ou en bronze. Les masques japonais du théâtre No dans ses intermèdes comiques (les Kuodem) étaient en bois et laqués selon une technique très complexe et infiniment délicate: 15 à 20 couches de laques très fines et poncées à chaque passage jusqu’à obtenir une surface parfaite. Le bois était entoilé des deux côtés et recouvert de trois couches d’apprêt de charbon ou d’argile avant laquage.
Le cuir est le matériau le plus noble car il est le seul vivant. Plus difficile à façonner, son épaisseur (de 1,4 à 2,5mm environ selon les types de travail) en fait des masques d’art robustes et à la fois sensuels. Son tannage est végétal et réalisé à partir du collet ou mieux encore du flanc de vachette, plus résistant et à l’aspect de finition plus lisse. En outre, le cuir est le matériau le plus confortable à porter sur la peau pour l’acteur.
La fabrication
La création et la fabrication des masques en cuir passent par plusieurs étapes qui s’étendent sur plusieurs jours.
Il faut d’abord « penser » le masque, même lorsqu’il s’agit de masques de commedia dell’arte dans lesquels la créativité est toujours présente.Il convient de donner un caractère, une signification, une projection au personnage créé.
La seconde étape consiste à sculper sur du bois (pin cimbro ou poirier par exemple) le modèle créé qui va servir à étendre le cuir et le façonner à forme. Travail du sculpteur qui doit être précis puisque le cuir va épouser parfaitement le bois. Après ponçage, le bois est prêt.
La troisième étape est celle du trempage du cuir à l’eau clair, et de son malaxage dans l’eau jusqu’à ce qu’il ait atteint une souplesse parfaite.
La quatrième étape est celle de la mise en forme et du clouage du cuir. Phase délicate de réduction et de premier façonnage, travail qui s’apparente à celui de la couturière.
La cinquième étape est celle du martelage fin puis d’un second martelage d’écrasement du cuir pour lui faire prendre sa forme.
La cinquième étape est celle du lissage du cuir pendant toute la fin du séchage du cuir.
La sixième étape consiste à découper les retours du cuir, les entailler (des premières entailles périphériques ont déjà été effectuées pendant la quatrième étape) et à émincer les languettes.
La septième étape est la pose d’un fil de fer galvanisé (1,5mm) périphérique pour assurer la rigidité du masque. Le fil de fer est recouvert par le retournement des languettes préalablemnt découpées. Certains loups ne sont pas renforcés par un fil de fer pour améliorer la souplesse du loup.
La huitième étape est celle du percement des ouvertures: yeux, nez, bouche, attaches latérales
La neuvième étape est celle de la teinture à l’eau ou à l’alcool, ou encore au bitume de Judée (sorte de marron moiré), ou encore à la peinture blanche (la teinture blanche n’existe pas)
Dixième étape: le vernissage intérieur du masque afin de protéger le cuir de la transpiration lors du port du masque;
Onzième étape: passage de la cire fixatrice de la teinture et brossage afin de donner l’éclat à la couleur et au cuir.
Douzième étape: pose et rivetage du ruban élastique
Il faut ajouter une étape supplémentaire en cas de décoration sur le cuir (cuir, métal, etc…)
Il faut attendre au moins quatre jours pour avoir un séchage complet et définitif du masque.
Voilà! De 2 à 4 jours, hors sculpture du bois (1 à 3 jours), soit en une semaine environ, un masque cuir peut être réalisé…
Facteur de masque
C’est le nom de ceux qui créent et fabriquent bois et masques de cuir. Qu’il me soit donné ici l’occasion de remercier pour sa grande cuture et son grand talent empreint de modestie, Stefano Perocco di Meduna, peut-être le plus grand facteur de masques italien en Europe, et qui m’a transmis une partie de son savoir-faire en révélant la passion du facteur de masques en cuir..
Dyonisos, dieu du théâtre et des plaisirs…
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LA FABRICATION DES PATCHES
Après trempage, martelage, écrasement et lissage, la pièce de cuir est séchée.
Juste avant la fin du séchage, le motif est gravé avec une pointe en corne.
Après séchage définitif, le fond du patch est habituellement teinté, puis les motifs sont tracés dans la gravure. Le remplissage par teinture ou peinture selon les cas et les surfaces à traiter est ensuite effectué.
Enfin, les détails et les finitions sont réalisés à la peinture en général.
Le patch est finalement ciré pour fixer définitivement les couleurs et imperméabiliser le patch en lui donnant un brillant durable, en conservant la souplesse du cuir.